D. Groupe de l’étude

Les patients inclus reçoivent des soins selon le protocole FTS. Celui-ci est résumé dans le tableau 3. Les mesures sont inspirées du protocole ERAS détaillé dans l’article de Fearon et coll. [36].


1. Période préopératoire

Le patient aura une information orale et écrite sur le déroulement de l’hospitalisation et les modalités du protocole de réhabilitation rapide (FTS). Les patients seront informés des avantages du FTS mais aussi des risques de complications et du déroulement de la convalescence (Annexe 2). Il est prévenu du risque de réhospitalisation possible en cas de complication.

Il est recommandé de ne pas réaliser de préparation colique dans le cadre du FTS.


Un jeûne de seulement 2 heures pour les liquides et 6 heures pour les solides est suffisant. Les patients devraient recevoir environ 400 ml d’eau (ou thé ou café) sucrée (50g de sucre au total) 2 heures avant l’intervention.

Le patient ne devrait pas recevoir de prémédication anxiolytique à titre systématique ou analgésique.

Le patient devrait recevoir une thromboprophylaxie selon un protocole conforme aux recommandations de bonne pratique clinique en vigueur. La thromboprophylaxie sera commencé à J0 le soir.

Le patient devrait recevoir une antibioprophylaxie selon un protocole conforme aux recommandations de bonne pratique clinique en vigueur.

Pour la chirurgie colorectale : Association d’un imidazolé (ex : Ornidazole TIBERAL® 1g intraveineux) et d’un aminoside (ex : Gentamicine 4mg/kg intraveineux sur 30 minutes) en l’absence de contre-indications (ATCD d’hypersensibilité, myasthénie, insuffisance rénale sévère avec clairance créatinine < 8O ml/min).

Les patients sévèrement dénutris (perte de poids > 20% en 6 mois) devraient recevoir une nutrition artificielle orale. Une immunonutrition Oral-Impact® sera prescrite pendant 7 ou 14 jours en cas de résection de cancer colorectal.

2. Période peropératoire

Ce protocole devrait éviter l’utilisation d’opiacés à durée d’action longue. Des hypnotiques intraveineux type Propofol DIPRIVAN® en mode AIVOC (anesthésie intraveineuse assistée par ordinateur) ou d’halogénés (Sevoflurane ou surtout Desflurane) seront utilisés. Le Propofol sera en revanche utilisé systématiquement pour un score d’Apfel (Annexe 3) supérieur ou égal à 3. Dans les situations d’utilisations de morphiniques en peropératoire, il convient de préconiser le Rémifentanil (ULTIVA®) compte tenu de ses propriétés pharmacocinétiques. Il n’y a pas lieu de préconiser l’emploi d’agents bloquants neuromusculaires en systématique. Exemple de protocole anesthésique :

Le protocole de ventilation des patients doit être standardisé : VT (Volume Courant) à 8 ml/kg, Fr (Fréquence respiratoire) adaptée pour le maintien d’une normocapnie, PEP (Pression Expiratoire positive) à +5cmH20 (ce qui diminue les atélectasies postopératoires), I/E ½. Utilisation d’un mélange 02/air avec Fi02 (Fraction inspirée) de 60%.

Les patients doivent recevoir une analgésie périmédullaire ou péridurale commençant dès l’induction anesthésique et faite d’anesthésiques locaux avec de faibles doses d’opiacés.

Le protocole consiste en l’emploi de ropivacaïne NAROPEINE® 5 mg/ml en peropératoire puis d’un mélange NAROPEINE® 2mg/ml/sufentanil 0,25 mg/ml pendant la période postopératoire.

La longueur des incisions ne doit pas être importante et les incisions transversales ou obliques sont préférées aux incisions médianes (par exemple : incision iliaque gauche pour une sigmoïdectomie, transversale pour une colectomie droite). Une laparoscopie est préférée chaque fois que possible. La voie d’abord est laissée au choix du chirurgien.

Les patients ne doivent pas avoir de sonde d’aspiration naso-gastrique postopératoire systématique.

Les patients bénéficient de manière systématique de perfusions de liquide chauffé et de couverture pneumatique chauffante (système Warm-Touch®).

Les apports liquidiens peuvent débuter 2 heures après l’intervention dans le but d’assurer un apport d’au moins 800 ml per os le jour de l’intervention. Les perfusions IV seront donc arrêtées dès que l’apport oral le permet, généralement à J1.

Les vasopresseurs sont indiqués en cas de chute tensionnelle en rapport avec l’analgésie péridurale, une réduction du débit de l’analgésie doit être considérée.

Le drainage systématique de la cavité abdominale n’est pas recommandé.


Le drainage vésical est recommandé durant l’utilisation de l’analgésie péridurale. Selon la durée prévisionnelle du drainage : une sonde urétrale est indiquée en cas de courte durée (24-48 heures), et un cathéter sus-pubien est mis en place en cas de durée prolongée.

3. Période postopératoire

Les anti-émétiques sont prescrits de manière sélective dans le but de réduire les NVPO et permettre la réalimentation précoce.

La prévention des NVPO doit débuter dès la période peropératoire. Celle-ci utilise seul ou en association, en fonction du score d’Apfel : Dexamethasone SOLUDECADRON®, Dropéridol DROLEPTAN®, Ondansétron ZOPHREN®, et Propofol en AIVOC le cas échéant.

L’emploi du Droperidol et/ou Ondansétron sera systématique en cas de NVPO postopératoire. L’utilisation du Métoclopramide PRIMPERAN® n’a pas d’intérêt.

Les stratégies de prévention de l’iléus post opératoire comportent outre l’analgésie péridurale, l’abolition des opiacés et de l’hyperhydratation. Le patient doit être encouragé à mâcher du chewing-gum sans sucre plusieurs fois dans la journée. La prescription de magnésium n’est pas utile.

L’analgésie postopératoire s’intègre dans une prise en charge multimodale avec utilisation d’une analgésie balancée :

Cette association est maintenue jusqu’à la sortie du patient.
L’efficacité est appréciée par mesure du score EVA (cible EVA ≤ 3).


Le patient doit être encouragé à se réalimenter dès la quatrième heure après l’intervention. Un support nutritionnel doit être institué (400 ml de calories (energy dense) par jour) jusqu’à l’obtention d’un apport oral normal. Le support nutrition est maintenu une semaine environ (parfois après la sortie) chez les patients dénutris (perte 20% du poids avant l’intervention).


Le patient doit être pris en charge par une équipe paramédicale l’encourageant à se mobiliser et à devenir indépendant. Un protocole, amenant les patient à quitter le lit (fauteuil voire déambulation si possible) durant 2 heures le jours de l’intervention et 6 heures les jours suivants, est recommandé.

L’ensemble des mesures du protocole FTS appliquées pendant les 7 premiers jours est regroupé dans le tableau 4.

CRITERES D'EXCLUSION      RETOUR       CRITERE DE JUGEMENT PRINCIPAL